posté par Saeunn-runna sur le forum "vikings" : origine inconnue.
Le noir, formé par la réunion des trois couleurs primitives, se produit par le mélange de l'indigo, de plusieurs substances susceptibles de donner du jaune, et de tannin, de noix de galle, de sumac, de sulfates de fer et de cuivre, d'acétates de cuivre et de fer, de crème de tartre, etc.
Le noir de Sedan est considéré comme le plus beau et le plus durable. On le donne aux étoffes qui ont reçu d'abord un fond bleu dans des cuves d'indigo ; l'étoffe, soigneusement lavée, est portée dans un bain de sumac et de campêche, où elle doit subir une macération de trois heures, à 80° ou 90°. Au bout de ce temps, on la retire pour verser dans le bain du sulfate de protoxyde de fer, dans la proportion de 335 gramme par mètre d'étoffe : celle-ci, plongée dans le bain, doit y subir pendant une heure l'action d'une température de 38°. Après avoir répété trois fois cette opération, on obtient le noir avec toute son intensité.
On teint sur plusieurs points de la France des étoffes de laine en noir petit teint, moins solide que celui de Sedan et de Louviers. La base de bleu est donnée par le bois de Campêche et les sels de peroxyde de fer; c'est surtout pour ce genre de teinture qu'il faut employer des substances riches en tannin, telles que la noix de galle, le sumac, etc. Dans quelques fabriques, on emploie beaucoup plus de matière colorante, et l'on fait usage du verdet, dans la proportion de 1 partie de ce sel pour 100 d'étoffe.
Dans le noir de Genève, on emploie du sulfate de cuivre dans le rapport de 3 pour 100 d'étoffe.
Le noir de Caunes, dont on a fait un secret, se prépare comme les noirs précédents ; seulement on ajoute dans le premier bain du sulfate de zinc qui a la propriété de précipiter la dissolution de campêche en bleu.
Depuis quelques années, on se sert, pour obtenir des noirs d'une grande solidité, d'un bain de bichromate de potasse chauffé vers 40° ou 50°, et dans lequel on fait passer les étoffes teintes en campêche et en fer. Le bain doit être extrêmement faible. Ce noir est des plus beaux et des moins coûteux.
Noir sur soie. - C'est au moyen d'une combinaison de fer au minimum et de tannin qu'on obtient cette nuance ; pendant longtemps on a employé la noix de galle pour l'engallage.
M. Michel a substitué à la noix de galle un extrait de bois de châtaignier, qui produit de très-bons résultats et qui offre sur la noix de galle une économie de 50 pour 100. L'engallage s'opère dans des cuves de cuivre dans lesquelles on laisse plonger pendant quatre heures la soie, qui en sort avec la nuance jaune nankin. C'est dans cet état qu'on la plonge, après l'avoir lavée, dans le bain de sel de fer élevé à la température de 90°.
Les sels de fer employés sont le sulfate de protoxyde et le pyrolignite ; le bain contient en outre de la limaille de fer et du sulfate de cuivre. Le bain, après avoir reposé quelque temps, abandonne au fond de la chaudière des substances pesantes inutiles à la teinture ; mais il tient en suspension le tannate de fer qui s'est produit. On lui donne la densité nécessaire au moyen de la gomme et de la dextrine. Les sels de fer décomposés abandonnent leur acide : pour prévenir leur réaction sur la soie, on ajoute au bain une certaine quantité de sous-acétate ou d'oxyde de plomb.
La soie, en sortant de ce bain, a une couleur rousse qui passe bientôt au noir par l'exposition à l'air. Pour obtenir une belle nuance, on est souvent obligé de recommencer jusqu'à cinq ou six fois cette opération.
On donne quelquefois au noir sur soie un reflet bleu au moyen du bleu Raymond et d'une teinte de violet et de jaune.
Pour la teinture en noir du lin et du coton, on procède généralement comme nous l'avons indiqué pour la laine. Cependant on obtient aussi un noir foncé en plongeant les tissus dans une décoction de parties égales de noix de galle et de campêche, et en les soumettant pendant deux ou trois heures à l'action d'un bain à 90°, dans lequel on a fait dissoudre 1/15ème de pyrolignite de fer. En réduisant de moitié les proportions de noix de galle, de campêche et de pyrolignite, on obtient le gris et toutes ses dégradations.
Les différentes matières qui entrent dans la teinture en noir jouent un rôle dont on peut expliquer l'influence, soit pour la production de la couleur noire elle-même, soit pour sa stabilité.
L'acide gallique et le sel de fer au minimum donnent un composé soluble susceptible de pénétrer dans l'intérieur des pores de l'étoffe et d'y déposer, au contact de l'air, des flocons d'un bleu violet qui, à proprement parler, constituent le fond du noir.
Il faut modifier cette couleur qui est trop violette. C'est dans ce but que l'on emploie le sumac, le bois jaune et la gaude qui, indépendamment de la matière astringente, qu'ils peuvent contenir dans une plus ou moins grande proportion, et qui produit du noir avec le sel de fer, donnent une matière jaune qui détruit la couleur violette du noir.
Pour conserver au noir sa stabilité et empêcher que la destruction des acides organiques qui le constituent ne lui fasse prendre une teinte rousse due à l'oxyde de fer mis en liberté, on lui donne avant la teinture en noir un pied de bleu de cuve, dont la couleur neutralise l'orangé de l'oxyde de fer.
Enfin l'emploi du sulfate de cuivre et du campêche qui, comme nous l'avons vu aux bleus remontés, donnent une couleur bleue, produit le même résultat que l'indigo.
Il est probable que la crème de tartre, que l'on emploie dans la composition du noir, change une partie du sulfate de fer en tartrate, qui est plus facilement décomposable par les acides organiques de la noix de galle et des matières astringentes que ne le serait le sulfate de fer lui-même.
Dans chaque atelier de teinture, on a une forme dite au noir, qui sert à rabattre les couleurs et à faire des gris. Elle est ainsi montée. Dans une feuillette on met :
Sulfate de fer 2 kilogrammes.
0n verse sur ce sel un bain qui a bouilli deux ou trois heures avec:
Campêche 15 kilogrammes.
Sumac 4
Noix de galle 5
On brasse le mélange, le sulfate de fer se dissout et produit le gallate de fer. On agite pendant deux ou trois jours, puis on laisse déposer.
Les gris se font en alunant la laine préparée au carbonate de soude.
Il est bon de mettre une moindre proportion de tartre, un seizième environ, puis, après le lavage, on piète de bleu avec le carmin d'indigo, on rince le tissu; on fait un nouveau bain dans lequel on verse un cassin (vase contenant environ 2 kilogrammes) de tonne au noir, et on lisse la laine à 75°. Si le gris devait être jaunâtre, on pourrait ajouter un peu de décoction de gaude ou de garance, mais cette dernière substance lui enlève de la légèreté ; la cochenille donnerait du rouge : on voit que l'on pourra à volonté obtenir des gris rougeâtres, jaunâtres, ou bleuâtres, et les foncer plus ou moins, suivant la quantité de bruniture que l'on ajoutera au bain.
Pour obtenir des gris clairs sur coton, il est indispensable d'ajouter de l'acétate d'alumine qui a pour but de donner une teinte violacée ; il est bon aussi de se servir d'acétate de fer au lieu de pyrolignite.
On fait encore sur coton de beaux fonds pour la teinture, qui sont :1e chamois, le vert-mer, le rouille et le bistre.
Ces couleurs sont dues à la fixation des oxydes métalliques, tels que l'oxyde de chrôme,1'oxyde de fer et l'oxyde de manganèse.